Il fait un froid de pute !

Article : Il fait un froid de pute !
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30 novembre 2013

Il fait un froid de pute !

COSTA-RICA--Empuje-fr-o-se-mantendr--hasta-ma-ana-en-el-pa-s

 

C’est vulgaire, bon sang ! Je sais, ça va. Faites pas les effarouchées, c’est un blog qui parle de l’échange nord-sud. Si l’étude du langage n’en fait pas partie, alors quoi ?

Et puis c’est un sujet sérieux.

Je vais parler, asseyez-vous ! Quoi ? Oui, et bien asseyez-vous c’est tout. J’ai l’habitude de parler à des latinos d’un mètre seize depuis un an, voir vos bouilles plus haute que la mienne me donne le vertige.

Je vais parler, disais-je avant d’être assez grossièrement interrompu par moi-même (Desproges, si tu me reçois..), de l’idiosyncrasie costaricaine. Avant que de trop nombreux lecteurs se sentent visés par ce terme, je précise illico de quoi il s’agit : en gros, c’est ce que les costaricains considère comme proprement costaricain dans leur comportement mais surtout dans leur langage.

Panossepasse-moi l’Maggi et la dérupe seraient des exemples de l’idiosyncrasie romande, si vous voulez. C’est pas tout à fait exact comme usage, mais c’est si fréquemment utilisé par les gens d’ici pour parler avec un mélange de fierté et de complexe des particularités de l’espagnol tico que je suis contraint de m’y référer avec ce joli mot.

Ceci pour vous dire que l’été arrive, mais qu’il est précédé par un mesquin petit front froidqui passe au-dessus de notre bout d’isthme depuis trois jours. Donc, il fait 20 degrés. C’est moche (accessoirement, il pleut aussi des piscines olympiques, mais ça on a l’habitude).

Du coup, c’est dans toutes les bouches ces jours : le froid. Et sur toutes les épaules aussi. J’ai vu des écharpes, des bonnets en laine et toutes sortes d’attifements plus ou moins réussis, composés par les pièces les plus chaudes de chaque armoire du pays.

Ce qui m’amène – et ça fait trop longtemps que je traîne – c’est la façon dont on exprime le fait qu’il fait froid, au Costa Rica. J’ai fait un sondage et je suis en mesure de vous transmettre les locutions les plus usitées. On tâchera de voir ensemble si ça dit quelque chose de ce peuple fantastique.

Attention, c’est parti ! C’est du langage populaire, mais utilisé par tout le monde. Jeunes et vieux. Respectables et moins. Inutile de vous dire que je ne me lasse pas d’entendre mes deux collègues retraités, élégants comme tout, cravatés comme il se doit, jurer comme des charretiers parce que c’est culturel !

Au Costa Rica, c’est comme ça qu’on dit quand il fait 20 degrés :

Un lugar mas frio que culo de pinguino  – Un endroit plus froid que le cul d’un pingouin

Me congelo el culo – Je me congèle le cul

Que ofri – Littéralement : Quel oifre. C’est du verlan ! Comme nos laisse bétonchanmé, meuf, etc.

Que frijol – Littéralement : Quel haricot noir. Parce que frijol est proche de frio – froid.

Que pacheco – Quel Pacheco.

Aucun des ticos à qui j’ai demandé l’origine de ce terme n’a la moindre idée de la raison pour laquelle le froid peut bien se nommer Pacheco (qui n’est rien d’autre qu’un nom de famille). En poussant les recherches, j’ai trouvé qu’il s’agit d’une légende vénézuélienne d’un homme qui vivait dans les montagnes. Ils descendait parfois au marché du village avec son âne. Quand il faisait froid au village, on s’inquiétait pour ce que devait endurer le pauvre Pacheco dans sa montagne. J’ai expliqué à mes collègues. Ils sont pas du tout contents que ce ne soit pas costaricain. J’ai dû payer les cafés.

Me estoy cagando del frio – Je fais caca de froid.

Que picha frio – Quel froid de bite

Uh mae, que frio mas hijueputa  – Oh, mec, quel froid de fils de pute

Et les combinaisons :

Que frio mas hijueputa, se me esta congelando el locu – Quel froid complètement fils de pute, ça me congèle le uq (le verlan, de nouveau !)

Attention, éloignez les lecteurs les plus sensibles, voici une version longue de la conversation courante :

Me congelo el culo hijueputa traeme la hijadeperra cobija grandisimo malparido – Je me congèle le cul, fils de pute, amènes mois la fille de chienne de couverture, espèce d’immense mal accouché.

Voilà. Bon, je suis pas autrement fier d’exploser le record du billet de blog le plus grossier de l’histoire des internets. Mais fallait que je vous dise cette particularité du langage d’ici : les mots extrêmement vulgaires qui sont dans le langage courant.

J’ai parlé de ça avec mes vieux psys. Ils disent oui, mais c’est devenu des mots usuels, ils ont perdu leur sens vulgaire. Soit. On a argumenté sur l’usage de hijueputa (dont on a déjà vu le sens) à n’importe quel propos, le fait que tant de phrases communes contiennent le mot carepicha (tête de bite) et que, dans le langage parlé, plein de gens très bien finissent toutes leurs phrases familières par huevon (gros testicule) et ils ont cédé.

Le Costa Rica d’aujourd’hui a tout hérité de son passé campagnard, paysan. Le lieux ont tous des noms d’anciens propriétaires terriens, les noms de rues n’existent pas, les gens sont complètement centrés sur leur famille et le vocabulaire grossier d’aujourd’hui est celui des rustres travailleurs de la terre d’hier. C’est leur théorie. J’en dis que c’est cohérent. Ca vous fait rire ?

 

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Commentaires

RitaFlower
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Ah,je me suis bien marée en vous lisant.Un langage original pour parler du froid au Costa Rica.Soyez fier d'exploser le Record du Billet de Blog le plus osé de la Plateforme Mondoblog cher Expatrié là-bas.

Gregory
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Merci beaucoup !